Vous voyez un ou des chats qui traînent autour de chez vous ou de votre lieu de travail, qui ne viennent visiblement pas d’une maison car ils sont maigres, n’ont pas un beau poil ou ont quelques cicatrices de bagarres. Ils vous attendrissent et vous aimeriez les aider mais vous ne savez pas si c’est une bonne idée ou pas.
Quelle différence entre un chat errant et un chat libre ?
Selon le code rural et de la pêche maritime, la divagation des animaux domestiques, dont les chiens et chats, est interdite. Les maires, en tant que responsables de la police municipale et de la police rurale, doivent prendre toutes dispositions pour lutter contre la divagation des chiens et chats sur le territoire de leur commune.
Depuis 1999, la loi prévoit que les chats errants, plutôt que d’être conduits en fourrière où ils finissent souvent euthanasiés, puissent acquérir le statut de « chat libre » par la stérilisation et l’identification au nom d’une commune ou d’une association.
La stérilisation est un moyen plus humain de limiter la prolifération. Le statut donne le droit à ces chats peu sociables de vivre librement ; cette solution doit idéalement s’accompagner d’un nourrissage, d’un suivi sanitaire et de l’installation d’abris.
Les chats non identifiés vivant dans des lieux publics peuvent être stérilisés et identifiés, ce qui leur permet d’acquérir le statut de chat libre et le droit de vivre librement dans les lieux publics. Les chats libres sont très nombreux, ils sont des millions en France, et beaucoup, ayant grandi sans contact direct avec les humains, ne sont pas suffisamment sociables et donc trop « sauvages » pour être proposés à l’adoption.
Lorsque leur cadre de vie est favorable (sécurité…) et qu’ils bénéficient d’abri, d’un nourrissage et d’un suivi sanitaire, les chats errants nés dehors peuvent mener une vie satisfaisante (les chats abandonnés ayant grandi à l’intérieur peuvent éprouver davantage de difficultés). Ils sont libres d’explorer leur territoire, de chasser les petits rongeurs, et de se sociabiliser prudemment avec les humains qui les nourrissent.
Les idées reçues
« Si je ne les nourris pas, ils partiront »
Peut-être… mais probablement pas.
Tout d’abord, si les chats se sont installés avant que vous ne les nourrissiez, cela signifie que les conditions y étaient propices (abri, eau, rares sources de nourriture comme les nuisibles ou les restes des poubelles, etc.). Cependant, ces éléments sont souvent insuffisants pour que les chats puissent mener une vie en bonne santé. Au fil des mois et des saisons, ils seront de plus en plus affaiblis… Si personne ne les nourrit avec des aliments adaptés, la vie de ces chats sera synonyme de faim et de misère, et ils finiront par mourir de dénutrition, ou être fragilisés par des maladies. Voudriez vous être responsable de maltraitance indirecte envers eux ?
De plus, conformément à l’Article R214-17 du Code Rural, le fait de priver de nourriture et d’abreuvement un animal domestique est reconnu cruauté passive. En effet, le chat errant est reconnu animal domestique par l’arrêté du 3 avril 2014 fixant les règles sanitaires et de protection animale auxquelles doivent satisfaire les activités liées aux animaux de compagnie d’espèces domestiques relevant du IV de l’article L. 214-6 du code rural et de la pêche maritime.
Conformément à l’Article R214-17 du Code Rural, le fait de priver de nourriture et d’abreuvement un animal domestique est reconnu cruauté passive.
« Si je les nourris, cela va en attirer d’autres »
Pas forcément.
Le chat est un animal territorial qui ne va pas vraiment apprécier de partager son point de nourrissage ; quand un groupe se constitue, il dépasse rarement 4-5 chats, à moins qu’il y ait ensuite des naissances. Dans tous les cas, le groupe finit par se stabiliser à une taille maximale. En effet au-delà d’un certain nombre d’individus les « nouveaux » ne seront de toute façon plus acceptés par ceux déjà « en place ».
« Si je les nourris, ils vont se multiplier »
Vrai (mais ils se multiplient aussi même sans nourriture suffisante).
Sans nourrissage adapté, les chats survivent dans des conditions précaires. Leur santé et celle de leur descendance étant dégradée, les individus ne survivent pas tous et peuvent diffuser des maladies.
C’est là qu’intervient la nécessité impérative de stériliser ces animaux, pour leur bien être et le vôtre : pas de reproduction donc de naissance de chatons qui deviendront à leur tour des miséreux. D’autre part, elle enraye le problème des odeurs d’urine, les bagarres en périodes de reproduction et des miaulements des femelles en période de fécondité. Pour finir, elle évite les blessures et les maladies.
Pour vous aider à identifier ces animaux et les stériliser contactez votre mairie ou les associations de votre commune (ou des communes proches).
« Il n’y a qu’à appeler la fourrière pour les éliminer »
Faux : d’autres reviendront.
C’est un vieil adage, mais la nature a horreur du vide. L’euthanasie ou le déplacement des colonies de chats ne résolvent pas la pullulation ; d’autres chats venant remplacer les chats « manquants ». Si un ou des chats se sont installés dans le quartier c’est qu’ils y ont trouvé des conditions favorables qui les ont attirés ; si vous les faites partir d’autres finiront par trouver ces mêmes conditions et s’installer à leur tour.
C’est d’ailleurs de ce constat d’échec qu’est né la solution de stérilisation des chats errants ; solution qui a maintenant fait ses preuves.
La stérilisation est reconnue par tous les experts mondiaux et en particulier ceux de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
« Ils nous débarrassent des rats, souris et autres nuisibles »
Vrai.
Ils ne vont peut-être pas pouvoir tous les éliminer, mais le chat a un gros instinct de chasseur qui va le pousser à chasser tous les petits animaux. Sa présence est donc une aide précieuse dans la prévention des nuisibles rongeurs ; nos ancêtres à la campagne l’avaient bien compris et beaucoup de gardiens d’immeubles ou gestionnaires de cantines apprécient pleinement la présence de quelques chats à proximité des locaux.
« Si je les nourris, ils ne chasseront plus »
Faux.
Le chat, même s’il n’a pas à se préoccuper de sa nourriture, continue quand même à chasser par instinct. Par exemple nos chats domestiques qui ont un accès à l’extérieur chassent aussi alors qu’ils sont bien nourris, et on les voit régulièrement nous ramener des oiseaux ou souris à la maison !
En conclusion
Le nourrissage des chats errants :
- évite l’éventration des poubelles et l’intrusion chez les gens car affamés et en quête de nourriture
- maintient les chats dans un état sanitaire satisfaisant ce qui réduit les risques sanitaires, car des animaux affaiblis par manque de nourriture et d’eau vont inévitablement déclarer et propager des maladies.
Cependant, nourrir les chats errants n’est pas suffisant. En effet, cela ne résout pas le problème de la reproduction.
La stérilisation est la seule solution efficace pour maîtriser les populations de chats : l’euthanasie ou le déplacement des colonies de chats ne résolvent pas la pullulation ; d’autres chats venant remplacer les chats “manquants”.
« Que puis-je faire ? »
Si vous rencontrez autour de chez vous des chats dans le besoin, pensez un moment à eux et comment avec quelques moyens simples vous pouvez changer leur vie :
- leur fournir des croquettes et de l’eau régulièrement, si vous trouvez un lieu sûr et abrité un ravitaillement tous les 2-3 jours peut suffire une fois qu’ils auront pris l’habitude,
- si possible leur installer un petit abri contre la pluie, le froid mais aussi la chaleur en été,
- veiller sur eux et surveiller leur état de santé.
En revanche, il faut impérativement s’assurer qu’ils soient stérilisés afin d’éviter qu’ils se reproduisent et que naissent de nouveaux chatons qui deviendront à leur tour des petits miséreux de la rue.
Sources